Parmi les vertus que l’on prête au cannabis, il y aurait celle d’améliorer la qualité des relations sexuelles. Mais qu’en dit la science? Est-ce que toutes les souches produisent cet effet? Comme toujours, on est allé chercher l’avis des professionnels. Du sexe et du cannabis, cette fois.
Les Romains de l’Antiquité qui voulaient entrer en communication avec le puissant Priape, dieu des plaisirs de la chair, devaient se soumettre à un rituel bien défini. Une prêtresse liait les pieds et les mains du candidat, puis lui insérait un satyrion, un suppositoire fait de venin de serpent, d’alcool, de lierre et de cannabis. En résultaient une prodigieuse turgescence et un délire hallucinogène propice aux révélations prophétiques.
Si ça vous semble intense pour un mardi soir, sachez que les Indiens du 7e siècle avaient développé un rituel tantrique un peu plus adapté à nos sensibilités occidentales.
On préparait le bhang, une boisson composée de résine de fleurs de cannabis, de miel, de lait, de cardamome et de gingembre. La décoction était ensuite consommée chaude, en récitant des mantras pour préparer l’âme. Après une heure et demie, le volet charnel du rite tantrique pouvait commencer.
Ainsi, depuis des millénaires, on sait que le cannabis et le sexe vont de pair. Mais ce n’est que depuis tout récemment que la science tente de comprendre leurs interrelations.
Le cannabis : lubrifiant du bonheur sexuel
En amont, quelques sondages ont d’abord confirmé que cette synergie était toujours observable aujourd’hui : ceux qui consomment fréquemment du cannabis font l’amour plus souvent.
Ce seraient les femmes qui profiteraient le plus des pouvoirs libidineux de la plante. C’est particulièrement éclairant quand on sait que l’industrie du cannabis cible en général les intérêts de la clientèle masculine.
Cette étude parue en 2019 rapporte que les participantes qui fumaient du cannabis avant de faire l’amour avaient 2,13 fois plus de chance d’atteindre un orgasme satisfaisant. Ailleurs, les deux tiers des répondantes qui consommaient du cannabis avant un rapport sexuel ont remarqué une augmentation de leur libido. Chez celles qui ressentaient de la douleur lors du coït, 80 % ont rapporté être plus confortables quand elles fument. Ce n’est probablement pas un hasard que des preuves anecdotiques indiquent que chez certaines, le cannabis serait efficace contre les crampes menstruelles.
Bref, ça marche, mais comment?
Selon cette gynécologue américaine, les bénéfices du cannabis viendraient de ses propriétés anxiolytiques à court terme, puisque la baisse de libido chez la femme est corrélée au stress et à l’anxiété.
Une amie sexologue consultée sur la question abonde dans le même sens. Elle a observé des améliorations marquées chez des patientes et des patients dits « rigides », qui réussissaient à lâcher prise grâce au cannabis. Avec le temps, certains trouvaient même leur zone de confort et de créativité au lit sans recourir aux effets du psychotrope.
Et est-ce que tous les cultivars se valent pour cet usage précis?
Antuanette Gomez, entrepreneure et consultante en matière de sexualité féminine et de cannabis, recommande des cultivars ayant un profil de terpènes riche en myrcène. Elle a remarqué que ce terpène crée un effet corporel chaleureux, libère la créativité et aide à se centrer sur les besoins et envies du corps. Elle recommande aussi d’y aller mollo, puisque le gros des bénéfices est atteignable grâce à des doses légères ou modérées.
Finalement : l’industrie du cannabis verse facilement dans les astuces de marketing, et les promesses de « viagra végétal » et de « communion avec les étoiles » de certains produits sont sûrement surfaites. Mais l’idée de produire des crèmes ou des lubrifiants infusés au THC peut être une alternative qui ne se fume pas.
Et une option certainement plus douce et accessible qu’un suppositoire de Priape.
